Commémoration du Centenaire de la Grande Guerre à Montfleur
À Montfleur en présence de nombreux élus et des habitants j’ai eu l’honneur d’assister au lancement de la commémoration du Centenaire de la Grande Guerre rassemblant cinq communes du Val Suran, Montfleur, Bourcia, Broissia, Montagna le Templier et Pouillat. Commémoration qui a reçu le label national du Centenaire pour la puissance, la beauté, la grandeur et la profondeur du message délivré par les nombreuses actions organisées en ce mois de novembre : cérémonies, plantation de l’arbre des Valeurs, concerts, conférences, exposition, vidéos, en souvenir de l’ampleur du sacrifice de toute une génération fauchée dans chacun de nos villages à l’image de l’élève instituteur Marius Mouthon. Ce travail de mémoire locale a une dimension universelle tant il incarne l’épopée tragique de cette guerre où s’enchevêtrent les destins personnels, l’histoire de chaque famille et le destin de notre nation.
Comme l’a dit Monsieur le Maire de Montfleur, « la guerre n’est pas qu’une histoire d’hommes. »
Par leur labeur, leur courage, les femmes « ces héroïnes oubliées » ont apporté malgré leurs grandes douleurs, une contribution essentielle à la conduite de la guerre. Sans elle la France se serait effondrée.
L’histoire n’est jamais uniquement que de l’histoire elle nous renvoie au présent et nous devons en tirer les leçons.
Pour qu’il n’y ait plus de guerre n’oublions jamais :
« Le soldat n’est pas un homme de violence. Il porte les armes et risque sa vie pour des fautes Qui ne sont pas les siennes. Son mérite est d’aller sans faillir au bout de sa parole, Tout en sachant qu’il est voué à l’oubli »
Antoine de Saint Exupery.
Crédit Photo le Progrès du Jura
Mon discours :
Commémoration du Centenaire de la Première guerre mondiale,
Montfleur le 1er novembre 2018.
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les Conseillers Municipaux,
Madame la Sénatrice,
Madame la Vice présidente du Conseil départemental,
Madame la Présidente du Comité du Centenaire,
Mesdames et Messieurs les représentants des Associations du Souvenir français et des Anciens Combattants,
Monsieur le Colonel, Messieurs les Sous officiers et Gendarmes,
Monsieur le Chef de corps et Mesdames et Messieurs les pompiers,
Mesdames et Messieurs les Musiciens,
Chers enfants des écoles,
Mesdames, Messieurs,
Monsieur le Maire je vous remercie pour votre invitation, c’est un très grand honneur de m’adresser à vous et c’est avec une grande émotion que je m’associe à votre fervente commémoration du centenaire de la 1ère guerre mondiale.
Les deux thèmes retenus, l’élève instituteur Marius Mouthon et les femmes pendant la grande guerre ont retenu toute l’attention du comité scientifique de la mission du centenaire. Il vous a décerné le label national et je tiens à vous en féliciter vivement.
Seulement six dossiers jurassiens ont été retenus, c’est une reconnaissance de l’excellence de votre projet de commémoration.
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Maires et habitants de Montfleur, de Bourcia, de Broissia, de Montagna le Templier et de Pouillat, on peut aussi y lire l’amour que vous portez à l’histoire et au patrimoine de vos communes.
Aujourd’hui vous nous rappelez que ces beaux villages que vous savez si bien moderniser et mettre en valeur ont un passé.
Leur identité a été façonnée par les générations qui nous ont transmis l’héritage de l’histoire.
Et s’il est un jalon du cours du temps qui a marqué chacune de nos communes, c’est bien la tragédie de la 1ère guerre mondiale, par l’ampleur du sacrifice consenti par toute une génération.
Une génération entière fauchée comme le blé en herbe à l’exemple de l’élève instituteur Marius Mouthon, enfant de Montfleur promis à un bel avenir de maître d’école.
Epris de doit et de justice, il s’est battu jusqu’à la dernière extrémité pour défendre, au delà de la patrie, l’avenir des enfants de la France auxquels il avait choisi de destiner sa vie.
Fidèle à sa mission d’éducateur, jusque sous le feu de l’ennemi, il accompagne, encourage et console ses frères d’armes.
Son héroïsme hors du commun a été récompensé par les plus hautes distinctions mais rien ne peut récompenser le sacrifice dont on ne se remet pas, celui d’une vie. Ne jamais oublier, c’est tout ce que nous pouvons faire.
Nous souvenir toujours , comme nous y invite l’ouvrage de Monsieur Reydellet « Monuments » qui retrace avec rigueur et précision, le parcours de Marius Mouthon et des hommes des cinq villages du Val Suran partis à la guerre.
Ce travail de mémoire remarquable dépasse la dimension locale pour incarner de façon universelle l’épopée héroïque des soldats de la grande guerre, où s’enchevêtrent , les destinées personnelles, l’histoire de chaque famille et le destin de notre nation.
Comme vous l’avez dit Monsieur le Maire, la guerre n’est pas qu’une affaire d’homme. C’est une affaire de famille, qui concerne en tout premier lieu les femmes comme le démontre si bien votre exposition « héroïnes oubliées »
Par leur labeur, leur courage, leur engagement, elles ont apporté une contribution essentielle à la conduite de notre pays en guerre.
Sans elles la France se serait effondrée. Sans elles les écoles auraient fermé, nos usines n’auraient pas produit et les champs n’auraient pas été semés.
En aout 1914, en pleine moisson, les hommes sont partis au front, les femmes ont courageusement pris la relève, derrière les chevaux et les machines agricoles. Elles se sont emparées de métiers exclusivement masculins jusqu'alors ; elles se sont engagées à l’arrière du front, elles ont côtoyé les horreurs de la guerre, les corps mutilés et les âmes blessées.
Toutes, villageoises aux champs, citadines à l’usine, résistantes ou espionnes comme vous l’avez dit, monsieur le Maire, les femmes de cette époque ont été admirables.
Votre exposition reflète bien leurs deux visages durant ce conflit mondial :
-celui de la femme au travail ayant repris les responsabilités des hommes et les rênes de l’économie du pays
-celui de la figure maternelle et rassurante de la mère, de la marraine de guerre, de la fiancée, de l’infirmière.
Songeons à ces femmes de Montfleur et de toutes les communes de France, ces mères, ces fiancées, ces filles qui imploraient désespérément le ciel pour que lorsque le tocsin sonnait le maire ne s’arrête pas à leur porte pour apporter une funeste nouvelle.
Nous sommes nombreux à avoir connu, vêtues de noir, le regard triste et lointains, ces mères, veuves, orphelines, à jamais éplorées comme madame Berthet ou Madame Mouthon.
Alors que peu à peu les combattants et les témoins de 14/18 ont disparu, il nous incombe aujourd’hui , à votre exemple de cultiver le souvenir de toute ces vies brisées pour la France et au nom de l’idéal patriotique.
Nous sommes tous saisis et profondément remués par la puissance, la grandeur, la beauté et la profondeur du message que vous nous délivrez ici à Montfleur.
Vous ravivez nos mémoires, la mémoire qui rassemble et rend plus fort.
Nous qui n’avons connu que la paix, n’oublions pas que si nous vivons dans une Europe pacifiée c’est grâce à la construction européenne qui repose sur le respect et la fraternité entre les peuples.
« Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaye de revenir, il faut allumer les grandes dates comme on allume les flambeaux ». disait Victor Hugo.
Merci à vous tous, Mesdames et Messieurs les Maires, Élus, Habitants du Val Suran d’avoir su rallumer les étoiles.
Vive Montfleur, vive la République vive la France